Ca y est, on nous a appelés, il faut qu'on soit prêts !
Ca fait des jours qu'on attend ce moment, chaque matin je m'entraîne, je fais du yoga (le yoga de la narine) , je veux être en bonne condition pour arriver dans les premiers et avoir une chance de réussir ma vie. La tension monte, tout le monde se prépare, on va partir! Non ! Raté, faux départ! C'est long d'attendre, je me concentre, ce coup-ci sera peut être le bon, ça se précise, je me place le plus près possible de la ligne de départ! Zut! c'est encore un coup dans l'eau. Mon Dieu que c'est éprouvant! Je piaffe d'impatience, on nous sonne à nouveau, je suis prêt, ça y est, le départ est donné, et c'est la course, je me trouve au milieu du peloton, il faut que j'en sorte. Heureusement, ça s'élargit et je peux déborder sur le côté et je cours, je cours, je me donne à fond. Maintenant en plus voilà que ça monte, j'ai réussi à prendre un peu d'avance, les autres me talonnent, je dois rester devant, un point de côté me gêne, je serre les dents, il faut continuer l'effort, c'est vital pour moi. Maintenant cela se rétrécit. Aie, un stalagmite me fait trébucher, je continue, c'est dur. Presque tous les concurrents ont abandonné, nous ne sommes plus que quelques uns, encore un effort, j'aperçois le sommet. Ca y est, je suis en vue du but, il faut courir, il n'y aura pas assez de place pour nous tous. Là-bas sur la gauche j'en vois une de libre, je ne suis pas le seul à la convoiter, je fonce, je mets tout ce qui me reste d'énergie. Victoire! j'ai réussi, j'aurai ma place dans la vie...

Environ 1512 heures plus tard….
Poussez pas les gars, laissez-moi le temps de sortir, ça me serre ! Je suis dehors, venez m'aider, dépêchez-vous, j'étouffe! Ouf de l'air ! Il fait nuit, je sens que l'on me masse, me sèche, c'est bon, ça fait du bien. Sur la droite, une bonne odeur de lait m'attire, c'est une bonne chose, je ne mourrai pas de faim, j'ai trouvé le Milk Bar. Je rampe jusqu'à lui, c'est difficile de ne pas pouvoir marcher. Je cherche, il fait toujours nuit, je n'entends rien, non ce n'est pas là, il y a trop de poils. Voilà, j'ai trouvé le distributeur, cela fait du bien de se restaurer. Maintenant, j'ai envie de faire pipi, j'ai beau essayer, je n'y arrive pas. Alors je pleure. On a dû m'entendre puisqu'on me masse le ventre et, miracle, je me vide, ça, c'est un truc à retenir.
Je suis fatigué, je vais essayer d'aller dormir, pour cela il me faut un petit coin bien chaud, j'en sens un par là, j'y vais. C'est long en se traînant par terre. Il y a une boule de poils qui me barre le passage. Tant pis, je lui passe dessus. Boum, je suis de l'autre côté, encore un petit effort. Voilà, oh que je suis bien: Je vais me payer une de ces siestes... Ah non, j'ai déjà fait pipi, il faut arrêter de me masser tout le temps: Je me sens soulevé de terre, on me caresse la tête, c'est agréable.
Le temps passe, je bois, je fais mes besoins, je dors, mais il fait toujours nuit. Tiens: j'aperçois une lueur, je fais un effort mais je ne vois rien.
Le temps passe et la lueur s'agrandit. Mais...Mais... j'aperçois quelque chose, une forme, oh: c'est merveilleux... Que tu es belle, Maman !!!!

 

 

Patrice BARTHELEMY

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©Patrice Barthélemy 2010
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Le long voyage